Carlos Aguilar - Interview
Carlos Aguilar est un écrivain espagnol. Auteur de plusieurs articles et livres sur le western européen, ses réalisateurs (Sergio Leone, Eugenio Martín) et acteurs (Giuliano Gemma, John Phillip Law), il a accepté de répondre à nos questions.
I Passions
Carlos Aguilar récompensé pour sa carrière au "Joe D'Amato Film Festival"
Comment êtes vous devenu un
fan de cinéma et plus particulièrement de
westerns européens ?
J’ai
vécu une partie de mon enfance à Madrid
où j’y suis né en 1958, et une partie
à
Astorga, la ville natale de ma mère.
J'ai
aimé le cinéma, pour autant que je
puisse me rappeler, mais à Astorga, j'ai appris à
connaître le monde secret des
salles de cinéma, parce que mon grand-père
dirigeait l'un d'entre eux. Donc, je
suis allé dans la salle de projection, la
salle de stockage,
etc. Un peu
comme "Cinema Paradiso". Ca m’a fasciné.
Quant
à mon amour pour les westerns, je
pense qu'il est assez logique pour un enfant de ma
génération et de mon pays.
Les
westerns racontent des histoires sur le
danger, la responsabilité, la solitude, la
masculinité, la nature, l'éthique
... Des questions auxquelles un enfant doit
s’intéresser! J'ai grandi en
regardant aussi bien les westerns américains que les
européens, et c'est vrai
que je me suis attaché aux westerns européens, en
raison de l’incroyable impact
que Pour une
poignée de dollars (Per
qualche Dollaro in più)
a eu sur moi. En fait, j'ai publié un roman sur la
nostalgie du Western Spaghetti, qui est sorti il ya dix ans. Mais je
n'ai aucun
problème avec les autres films de John Ford ou Sergio Leone
par exemple, avec
John Wayne ou Clint Eastwood. Je suis ouvert à tous les
types de westerns, sauf
les mauvais!
Quels sont vos films, acteurs et réalisateurs préférés ?
Parmi les westerns américains, j'aime particulièrement La poursuite infernale (My Darling
Clementine). Mais j'aime aussi
beaucoup Winchester
’73, Les deux
cavaliers (Two Rode Together), L'Ange des maudits (Rancho Notorious),
L’homme
des vallées perdues (Shane), Rio Bravo, La
chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome), La fureur Apache
(Ulzana’s Raid) et Pat Garrett &
Billy the Kid. Mes westerns
européens préférés sont
l'ensemble des [Sergio]
Leone, Le
Grand silence (Il grande
silenzio), Colorado (La resa dei conti) 1966, Un tueur nommé
Luke (La notte dei
serpenti) 1970, La mort était au rendez-vous (Da uomo a
uomo) 1967 et Chacun
pour soi (Ognuno per se) 1967. Quant aux acteurs, j'aime tous ceux qui
apparaissent dans ces films. Je pense que nos acteurs
préférés sont ceux de nos
films préférés!
Pouvez-vous
nous évoquer
des souvenirs de découverte de westerns, de films qui vous
ont marqué ?
Il y a tant de
souvenirs ... En général, ce qui m'a
particulièrement frappé, c'est que les
histoires ont eu lieu dans un contexte historique où,
théoriquement, la loi
existe, mais en réalité, ils ne parlent que de la
violence. Quant aux détails spécifiques, la façon dont
certains acteurs marchaient me fascinait,
surtout: Henry Fonda, James Coburn, Lee Marvin et Henry Silva. Ils
marchaient
tous d'une manière unique.
Que
pensez vous des
westerns d’aujourd’hui (Open Range,
L’assassinat de Jesse James, …), des
séries
TV (Deadwood, …) ?
Je
n'aime pas du
tout les westerns modernes, à l'exception de Dead Man,
le film très personnel de Jim Jarmusch. A part celui-ci,
le dernier western que j'ai apprécié est
Impitoyable (Unforgiven) 1995.
II Rencontres
Carlos Aguilar, son épouse Anita Haas et l'acteur John Phillip Law
Avez-vous des anecdotes à nous faire partager de rencontres avec des acteurs, réalisateurs ?
Malheureusement,
je n'ai pas rencontré beaucoup de professionnels
de westerns Américains. Mais Budd Boetticher m'a
impressionné. Il était
extrêmement lucide, honnête et romantique dans le
sens le plus beau noble du
terme. Il était un grand réalisateur et une
grande personne. D’autre part, j'ai
rencontré beaucoup d’artistes
Européens. Parmi eux, je tiens à souligner Tonino
Valerii, Sergio Sollima, Joaquín Romero Marchent, en raison
de leur plus sincère
et authentique amour qu'ils ont pour le western. Quant aux acteurs, je
suis ami
avec Giuliano Gemma, qui aimait travailler dans des westerns. Aucun
d'entre eux
n’ont limité leur implication à un
simple travail.
Tonino Valerii, Joaquín Romero Marchent et Eugenio Martín
Au « Festival Internacional del Cine Clásico de Granada Retroback », vous avez rencontré Caroline Munro, quels souvenirs en gardez-vous ?
Eh
bien, j'ai
rencontré Caroline en 1987. J'ai
suggéré qu'elle soit la vedette d'un film
d'horreur,
El Aullido del diablo 1987 [NDRL :
réalisé et avec par Paul Naschy –
inédit en France], auquel j'ai également
proposé l'acteur Howard Vernon, un
grand ami. Caroline et moi sommes devenus amis, et je l’ai
suggéré pour le film
français Les
Prédateurs de la nuit
1988
[NDLR : réalisé par Jesus Franco].
Après cela, nous avons lentement perdu
le contact, jusqu'à ce que je l’appelle pour
l'inviter à la
fête Retroback
à
Grenade, pour présenter le livre "John Phillip Law. Diabolik
Angel",
que j'avais écrit avec mon épouse, Anita Haas.
J'ai senti que Caroline était la
personne idéale pour présenter le livre, car elle
était aussi très amie avec John
comme Anita et moi l’avons été. Et ce
livre de John est mon plus cher et
favori. Ce fut une superbe et émouvante réunion,
après vingt ans! Caroline est
une personne merveilleuse, incroyablement douce et toujours belle.
C'est une
des raisons pour lesquelles elle n'est jamais devenue une grande star.
Malheureusement, en général, ceux qui triomphent
dans l'industrie cinématographique
sont des gens aux personnalités fortes et
égoïstes.
III Publications

On ne peut se procurer votre dernier livre sur Eugenio Martín, nulle part (sur le net). Ce livre est-il simplement l'objet d’un tirage confidentiel ?
Non,
c’est une
édition normale. Le seul problème est qu'il a un
très mauvais distributeur!
Concernant vos heures d'entretien avec les anciens du western espagnol, un projet de DVD ou un accès Internet regroupant la totalité des ces entretiens est-il à l'ordre du jour ?
Oui,
il y a un
projet. J'ai beaucoup d'interviews filmées, et parmi eux des
gens qui sont
malheureusement décédés, comme par
exemple Enzo Barboni, Marius Lesoeur, John
Phillip Law ou Antonio Margheriti. Mon producteur et ami Carlos Prats
sont à la
recherche de financement pour ce qui sera une grande série
sur le western
européen.
Savez-vous si nous, amateurs français de westerns européens, pourront un jour découvrir certaines de vos œuvres dans notre langue ? Une traduction serait-elle possible, par exemple de votre ouvrage sur Joaquin Romero Marchent ? Il y aurait un public pour cela en France...
J'aimerais
que
mes livres paraissent en France, bien sûr. Mais pour
l'instant, je n'ai pas de
contacts.
Suggestions
Fernando Sancho est un acteur parmi les plus actifs du western européen, il a travaillé avec énormément d'acteurs et de réalisateurs de l'époque et parmi les plus prestigieux. Que penseriez-vous d'écrire un petit livre sur ce personnage à la filmographie la plus longue du western européen ?
Bien sûr, j’aimerais
écrire ce livre. Je n'ai simplement pas eu
d’opportunité.
Autre suggestion : un livre centré sur le western espagnol, qui n'existe pas pour le moment (production, réalisation et réalisateurs, espagnols ou émigrés d'Amérique du Sud, économie des studios , industrie du doublage, censure, exportation, etc....) Tout est toujours vu à partir des Italiens, il manque le livre traitant de l'apport spécifique espagnol dans le western européen (et co-productions américaines aussi). Seriez-vous tenté ?
Cela
m'intéressait aussi, bien sûr. En tout cas, un
livre sur le western espagnol
avant Leone est sur le point d'être publié. J'ai
écrit le prologue.
Enfin, pour finir, quels ouvrages préparez-vous actuellement et quels sont ceux que vous voudriez écrire ?
Je corrige les erreurs sur mon troisième
livre sur
Leone, qui comprend toutes les nouvelles informations que j'ai
trouvées depuis
mon précédent livre. Quant à la
deuxième partie de votre question, je ne peux
pas dire.
Un grand merci à Carlos Aguilar!
Site officiel
(Interview réalisé par e-mail en octobre 2009 - traduction par Cole Armin)